Da lontano

Pubblichiamo qui sotto una cronologia, apparsa in questi giorni sul sito francese cettesemaine e circolata poi abbondantemente oltralpe, che descrive a brevi pennellate venti giorni di avvenimenti in Italia, dal 4 di agosto fino a domenica scorsa. La pubblichiamo – in lingua originale, come si dice – per due ragioni. La prima è molto semplice: ci piace favorire i lettori francofoni di //Macerie e storie di Torino// e questo è un modo sbrigativo per farlo. La seconda è più articolata, e riguarda sia noi che scriviamo che voi che ci leggete. Questi flash ci riportano a storie che conosciamo bene e che spesso ci è toccato raccontare ora per ora: il vederle così raccolte, sintetizzate e tutte assieme, ci permette uno sguardo d’insieme che tante volte l’affanno di avvenimenti convulsi e ravvicinati tende a far perdere. Il vederle da lontano, insomma, fa emergere da queste storie – e prepotentemente – almeno due elementi che non abbiamo ancora individuato nei giorni passati e sui quali vi invitiamo a riflettere insieme a noi.

Brevemente. Questo mese di agosto è il mese non solo delle rivolte nei Centri in seguito all’introduzione delle norme del Pacchetto Sicurezza, ma anche delle rivolte e delle proteste nelle carceri. Nella cronologia che ripubblichiamo le une e le altre hanno bene o male lo stesso peso. Le due lotte sono assolutamente parallele, ed episodi ancora di questi giorni ce lo confermano.

Cie e carceri sono, adesso come adesso, due insiemi molto ravvicinati che si intersecano da un lato. In questa intersezione ci stanno i medesimi attori, e dinamiche e motivazioni simili. Sta a noi focalizzare meglio l’attenzione su questo spazio comune, tirare qualcuno dei fili invisibili che legano i due movimenti e trarne qualche conclusione – anche pratica e organizzativa – che fino ad ora è mancata. Come al solito è la realtà delle lotte ad illuminare “la realtà” liberandola dalle rappresentazioni sociologiche ed ideologiche che la nascondono. Allora guardiamole bene da vicino, queste lotte, per lo meno per imparare qualcosa in più rispetto all’oppressione di classe che le ha generate e per uscire dal generico discorso “contro i luoghi chiusi” e “contro ogni reclusione” che, per carità!, rimane sacrosanto ma che rischia di lasciare un po’ il tempo che trova all’atto pratico.

Poi, ancora. Almeno fino ad oggi la costanza e la profondità delle lotte “dentro” non ha trovato una risposta adeguata “fuori”. La cronologia che pubblichiamo non tiene conto di alcuni fatti avvenuti negli ultimi giorni e neanche del grosso sostegno che il movimento milanese sta dando ai 14 di Corelli. Ma anche se sommiamo queste ultime cose siamo ancora molto al di sotto delle necessità minime. Certamente l’aspetto informativo è meglio sviluppato del solito, meglio coordinato, più documentato – tanto che i media ufficiali sono più o meno costretti ad utilizzare i siti di movimento come se fossero agenzie di stampa dalle quali tirar fuori storie ed informazioni. Questa cosa ci dà certo un vantaggio ma si tratta solo di una piccola parte del lavoro che dobbiamo fare, e neanche quella più importante. Mancano ancora le mille iniziative che possono dare un appoggio pratico alle lotte, contribuendo a rendere inapplicabili di fatto alcune norme del Pacchetto Sicurezza e (cosa indubbiamente più difficile) più ingestibili le prigioni. Lo abbiamo già sostenuto, e lo ripetiamo ancora: le possibilità che si sono aperte questa estate e che sono dovute tanto alla rabbia accumulata nelle gabbie quanto alla carenza di mezzi, strutture e capacità organizzative dei guardiani si chiuderanno velocemente. Dobbiamo saperne approfittare subito. Qualcuno ci obbietterà che queste ondate hanno cominciato a montare proprio nei quindici giorni dell’anno – le settimane intorno a Ferragosto – nei quali è più difficile fare iniziative e costruire mobilitazioni. Questo è senza dubbio vero, ma è vero pure che chi ha seguito in questi anni le lotte nelle carceri e quelle nei Centri aveva in mano tutti gli elementi per prevedere la situazione – anche con un bel dettaglio di tempi e di modi – e prepararsi per tempo. C’è un po’ il rischio di farsi scoprire in braghe di tela proprio nel momento in cui i nodi vengono al pettine, buttando al vento anni interi di sforzi, progetti e passioni costanti. Ma tant’è: ora diamoci una mossa.

4 août, Rome : Un groupe d’une quinzaine de sans-papiers algériens du CIE de Ponte Galeria qui protestait contre le tabassage d’un retenu (un malade du coeur tabassé parce qu’il souffrait trop sans médicaments) est mis à l’isolement. Des témoins de la scène seront expulsés le lendemain.

6 août, Ancône : les détenus de la prison de Montacuto (391 prisonniers pour 172 places) commencent un mouvement de révolte qui durera trois jours, notamment en battant les barreaux et en brûlant leurs tee-shirts.
6 août, Milan : Vers 17h, début de la grève de la faim des retenus du CIE de via Corelli, très suivie, également par la section « femmes ».

7 août, Rome : Les retenus du CIE de Ponte Galeria entament à leur tour une grève de la faim.
8 août, Gradisca d’Isonzo : une centaine de sans-papiers montent sur le toit vers 22h et résistent aux flics jusqu’à 2h : objets variés, bouteilles et morceaux de portes contre lacrymogènes. Les dégâts contre le centre sont importants, faisant passer ses capacités de 248 a 194 places. Une trentaine de retenus seront transférés par la suite à Milan, et 40 soldats de la brigade « Pozzuolo del Friuli » viendront renforcer les 40 autres de l’unité « Genova Cavalleria » pour remplacer les flics à l’intérieur…

9 août, Rome : Manifestation sauvage d’une vingtaine de personnes sous les murs de la section « femmes » du CIE.

12 août, Milan : les sans-papiers du CIE sont au cinquième jour de grève de la faim, dont trois de grève de la soif. 34 retenus du CIE de Gradisca viennent d’arriver. Un rassemblement s’est tenu devant le centre, et plusieurs sans-papiers ont battu longtemps les barreaux, mais sont aussi parvenus à dégonder plusieurs portes.
13 août, Milan : Le soir éclate une dure émeute, où tout ce qui peut l’être est brûlé, la police et les militaires interviennent et ont besoin de deux charges successives pour mater tout le monde. Deux modules sur cinq sont détruits. Nombreux tabassages et nombreuses fractures (têtes, jambes, etc.). 14 sans-papiers, 5 nigérianes et 7 hommes de diverses nationalité, sont incarcérés pour « incendie volontaire » : Joy, Florence, Helen, Priscilla, Debby, Said Ennohi, Lacine Kone, Abdelaziz Mahfoudi, Luis Miguel Pereira, Ibrahim Sharaki, Jaxad Zueniu, Fatah Kalem, Mohamed Elabbouby, Hassan Allali. Les compagnons qui tentaient d’empêcher dehors le transfert au commissariat sont repoussés part les flics en nombre.
13 août, Turin : les sans-papiers du CIE de corso brunelleschi (capacité de 60 hommes et 30 femmes) commencent une grève de la faim. La police est intervenue en force pour tenter de les dissuader, et parce qu’elle craignait un début d’émeute.
14 août, Turin : rassemblement devant le CIE, vite cerné de flics et de Chasseurs-Alpins. A l’intérieur, les retenus dégondent les portes et résisteront à trois charges avant d’être tabassés. Vers 22h30, un retenu monte seul sur le toit et y restera une demie-heure.
15 août, Turin : La nuit dernière vers 2h30, une vingtaine de retenus du CIE de corso Brunelleschi sont montés sur le toit, et n’y sont redescendus qu’une heure-et-demie après sous la menace. Les premiers grévistes de la faim commencent à interrompre la grève.
16 août, Bari : Dans la nuit a explosé une révolte à l’intérieur du CIE par des retenus marocains et tunisiens qui ont mené une guerilla pendant cinq heures, provoquant des dizaines de milliers d’euros de dégâts. Cette fois encore, ils ont dévasté les lits, brisé les robinets et les conduites d’eau, les utilisant comme des barres pour dévaster tout ce qu’ils ont pu, avant de grimper aux murs et sur les toits. Deux immigrés ont été incarcérés à cause des caméras, un tunisien de 25 ans et un marocain de 30 ans. Les soldats du « Bataillon San Marco » chargés de garder le centre n’ont rien pu faire.
18 août, Bari : Plus d’informations sortent petit à petit du CIE. Les deux immigrés ont été incarcérés en rétorsion de la protestation de la nuit dernière, et sont accusés de « dévastation » et « saccage ». Selon la police, la protestation de la nuit du 15/16 août aurait causé des milliers d’euros de dégâts et aurait été une tentative d’évasion collective.
18 août, Milan : Après les manifestations de protestation et le battage des barreaux du 12 août dans le CIE, puis la révolte du lendemain contre la décision punitive de prolonger la rétention de 60 jours supplémentaires contre les sans-papiers en grève de la faim, la répression policière et judiciaire s’est abattue avec violence. Ses effets se résument avec ces chiffres : 14 incarcérés (9 hommes et 5 femmes), 29 sans-papiers transférés dans le centre de Bari-Palese (un des plus grands du pays), 19 transférés à Brindisi (où vient d’ouvrir un nouveau centre).
18 août, Modène : Après les révoltes dans les CIE de Gorizia, Milan, Turin, Lamezia Terme et Bari, c’est au tour de celui situé via Lamarmora à Modène. La protestation a commencé hier après-midi par une grève de la faim lancée par une trentaine de nords-africains. Le soir, certains reclus ont mis le feu à plusieurs matelas, provoquant un incendie que les pompiers ont mis près de trois heures à éteindre. Le feu de rage des révoltés a sérieusement endommagé quatre chambrées, et 12 femmes ont été transférées dans un autre centre. La police a du libérer 4 chinois, ne sachant plus où les mettre.
18 août, Turin : Des tags (“Cie lager” et “No Cie”) sont apparus entre hier après-midi et la nuit.Ce sont les murs extérieur du siège de l’entreprise Camst qui ont été pris pour cible, soit « la plus grande entreprise à capital italien de restauration collective » qui fournit les repas à l’intérieur.
18 août, Sollicciano (Toscane) : Dans cette prison, au moins 500 prisonniers se sont révoltés (ils sont 950 pour 400 places). Tout ce qui pouvait être incendié dans les cellules l’a été et lancé à travers les barreaux et dans les couloirs, tandis que les voix des détenus faisaient entendre un seul cri : « Liberté ». Cela a duré de 23h hier à 1h ce matin, puis a repris ce matin vers 10h30. A l’extérieur, un gros cordon de carabiniers et de flics a entouré la prison, prêt à intervenir en cas d’évasion.
18 août, Bologne : deux jeunes se sont évadés hier de la prison pour mineurs de Pratello. Ils ont agttaqué un maton lors de la promenade puis se sont enfuis.

18 août, prisons de Rome, Como, Pérouse : A Rome, draps incendié, battages de barreaux sans fin et slogans depuis plusieurs jours. A Como, les prisonniers de « Bassone » battent les barreaux depuis trois jours. A Pérouse, un prisonnier a bouté le feu à un matelas dans la cellule, et les autres ont fait un refus de remonter de promenade.
19 août, Bari : « Solidarité avec les immigrés enfermés dans le CIE. Solidarité avec les révoltés. Liberté pour tous » est ce qu’il y avait écrit sur une gigantesque banderole fixée avec des chaînes entre deux feux rouges de la ville, bloquant la circulation corso Benedetto Croce.
20 août, Rome : Toujours avec des chaleurs supérieures à 40°, les détenus de la prison romaine de Regina Coeli ont recomencé après le repas de midi à battre les barreaux tandis que des bonbonnes de camping-gaz [autorisées en Italie pour cuisiner] explosaient vers l’extérieur. Les femmes de la prison de Rebibbia ont obtenu l’ouverture des cellules du matin au soir, et le libre accès aux douches. La veille, elles avaient refusé de rentrer en cellules de 23h à 3h du matin.
21 août, Gradisca di Isonzo : Ce matin, malgré le régime de sécurité maximale imposé par le préfet de Gorizia suite à la révolte de samedi dernier, 7 reclus du CIE ont réussi à s’évader en forçant les barreaux des cellules. Deux autres ont été capturés sur les toits.
21 août, Milan : Début du procès des 14 incarcérés suite à la révolte du CIE de via Corelli. Beaucoup de personnes solidaires au tribunal, et un grand bordel entre les protestations des reclus et les cris du public. Prochaine audience le 25 août.
22 août, Monza : Après Bologne et Voghera, un prisonnier a réussi à s’évader de la prison de Monza. Le troisième en quelques jours. Ce détenu libérable en 2012 et incarcéré pour braquage était affecté au transport des poubelles, et il a réussi à fausser compagnie au maton de garde puis à grimper le grillage.

23 août, Turin : nouveau rassemblement sous le CIE.